Luna, un conte moral sur grand écran

Luna, un conte moral sur grand écran
C’est dans la région de Montpellier que se déroule le film Luna réalisé par Elsa Diringer. Dans cette fiction, Ruben, petit chef d’une bande d’ados, commet un viol sur Alex. Luna accompagne alors Ruben dont elle est amoureuse. Elle travaille comme maraîchère après avoir passé son CAP horticulture. Alex est également embauché sur le même lieu de travail. Le pitch, pose l’ambiance rapidement.

Conte moral

Luna s’apparente surtout à conte moral. « C’est une jeune fille qui découvre ce qu’est le Bien et le Mal. Elle devient plus libre par rapport au groupe et apprends à penser par elle-même », présente Elsa Diringer. Le film est porté par une véritable tension dramatique, entre amour, mensonge et vengeance. Il s’agit avant tout d’une histoire de fiction qui n’a aucune vocation documentaire. Les personnages n’ont pas vraiment d’ancrage social. Ils sont entre la ville et la campagne, s’apparentent à la classe moyenne.

Luna reste le personnage central du film. Sa trajectoire évolue sensiblement. Elle découvre progressivement la liberté et de nouveaux horizons. L’actrice Laëtitia Clément a d’ailleurs vécu ce changement de vie, elle-même repérée dans un lycée de Nîmes. « Au début, c’était un simple délire entre amis. Mais quand j’ai fait le film, ça a été une révélation. J’ai aimé ce personnage et son évolution », confie Laëtitia Clément. Beaucoup d’adolescentes peuvent s’identifier à ce personnage universel qui découvre la vie et ses affres : « Une jeune fille est venue me voir à la fin de la projection pour me dire qu’elle s’est reconnue en Luna. On peut se retrouver dans la naïveté, la souffrance, le mensonge », souligne Laëtitia Clément.

Fiction manichéenne

En revanche, le film ne vaut la peine que si l’on décide que c’est uniquement du cinéma, de la fiction à l’eau de rose, puisqu’il n’y aucun souci de réalisme ou de vocation documentaire. « Je ne voulais pas d’une lecture sociologique », avoue à ce sujet la réalisatrice. Effectivement, la subtilité des relations humaines et des rapports sociaux n’est pas le point fort du film. Les personnages masculins sont particulièrement manichéens. Alex est tendre, sensible, à l’écoute. Ruben est une brute épaisse. « C’est un vrai méchant de cinéma. Il est enfermé dans un système et reste le leader du groupe », décrit sans plaisanter Elsa Diringer.

Il n’y a aucune place pour l’ambiguïté morale. Les méchants sont méchants et les gentils restent gentils. Aucune zone d’ombre ne vient troubler le paysage de Luna, conte décidément naïf. La violence y surgit également de manière brutale, sans véritable raison ou narration digne de ce nom. Ruben reste un personnage caricatural de gros dur, sans faille, sans passé. Rien n’explique jamais son caractère violent. On ne connait même pas ses conditions de vie, son travail, sa famille, son environnement. De là à dire que les personnages n’ont pas été suffisamment écrits… Quant à Alex, il reste ce gentil garçon qui peu guidé par la vengeance. La noirceur du personnage ne transparaît à aucun moment.

« Mon film évoque le malaise d’aujourd’hui », prétend Elsa Diringer. Dans un contexte de durcissement sécuritaire, son discours sonne convenu, très consensuel. Les jeunes sont violents sans raison et menacent les braves gens. Reste heureusement une belle histoire d’amour et de rédemption.

 

Luna, de Elsa Diringer

en salle le 21 mars 2018



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