Holy air tourne en dérision la religion
Les personnages illustrent le malaise d’une nouvelle génération sans espoir. Adam appartient à la minorité chrétienne, pas franchement en vogue dans son pays. « Pour survivre, il faut former des grands groupes. Adam appartient à une minorité isolée », décrit le réalisateur Shady Srour. Comme son associé avocat et sa femme, c’est un ancien gauchiste. « Il est têtu et fait ce qu’il veut. Il devient même un politicien de l’amour », présent Shady Srour.
La femme d’Adam présente également une personnalité singulière. La comédienne Laetitia Eido a été choisi au casting car elle grande, comme la femme du réalisateur. Lorsque Shady Srour lui propose le rôle, il lui demande si elle parle arabe. « Je peux le faire », réponds Laetitia Eido. Elle apprend le texte en phonétique. « On m’a dit que je reproduit bien l’accent arabe de Nazareth », indique t-elle. Son personnage assume une sexualité libérée, comme directrice d’un centre d’éducation sexuelle. « Ça me plaît d’incarner une femme arabe qui montre un gode », confit Laetitia Eido. Mais beaucoup d’actrices arabes ont refusé ce rôle pour des scènes jugées trop osées.
Shady Srour propose des personnages qui tranchent avec les représentations médiatiques. Adam est un arabe qui vit en Israël, pacifiquement. Le film se centre sur sa dimension humaine. Les femmes arabes libres ne sont pas davantage montrées dans les médias. Mais, loin d’un discours politique frontal, le film choisit le ton de l’humour et des scènes du quotidien. « Ça parle de politique, sans la mettre en avant. C’est très subtil », souligne Laetitia Eido. Le débat sur l’avortement y vire à l’absurde. Cette scène tourne en dérision l’emprise des idéologies sur la vie quotidienne.
On peut également voir dans ce film une satire des religions et du capitalisme. La vente de l’esprit saint symbolisant l’absurdité de la société. La marchandisation de l’air sous couvert de spiritualité incarne une société vide de sens, dans ce long métrage léger et subtil.