Les Repentis au Pays basque
Présenté au Cinemed samedi 22 octobre le film Les Repentis plonge dans le contexte de la violence politique au Pays basque. Icíar Bollaín , dont les films sont présentés au Cinemed, propose ici le beau portrait d’une femme qui incarne le courage et le dialogue politique.
Dans Les Repentis, Icíar Bollaín retrace l’histoire réelle de Maixabel Lasa, la veuve de Juan María Jáuregui. Il s’ouvre sur l’assassinat de cet homme politique par l’ETA. Mais ce long métrage se penche surtout sur la rencontre entre Maixabel et les assassins de son mari.
Une femme forte et courageuse
Le personnage de Maixabel incarne la complexité du conflit basque. Face à un des assassins, elle retrace le parcours de son mari, un des rares politiciens à tenter le dialogue. Il est d’abord militant basque sous le régime franquiste et subit la répression. Mais, en prison, il rencontre des syndicalistes qui parviennent à le convaincre de la pertinence de la voie légale. Il adhère alors au Parti communiste. Il ne partage plus le choix de la lutte armée, mais reste attaché à l’objectif commun de la justice sociale et de la liberté au Pays basque. Surtout, il préfère la négociation plutôt que la répression face au mouvement de lutte armée. Il est néanmoins assassiné par un commando de l’ETA.
Maixabel s’inscrit dans cet héritage politique. Elle crée une association qui soutient les victimes de l’ETA. Cependant, elle élargit son mouvement aux victimes des milices du GAL et de l’Etat espagnol. Donc, elle en vient à soutenir les familles des militants de l’ETA qui ont subit la torture ou qui ont été assassiné.
Cette approche politique de la main tendue et de la conciliation lui permet de venir rencontrer les assassins de son mari. Elle ne cherche pas à se venger, mais à comprendre. Voire même à avancer vers un compromis politique et la fin de la lutte armée. Incarnée par l’actrice Blanca Portillon, Maixabel apparaît comme la figure forte et courageuse du film.
Un contexte politique éludé
On ne peut pas en dire autant des militants de l’ETA. C’est sans doute l’angle mort le plus criant du film. La lutte basque, son contexte historique et ses enjeux politiques sont effacées. Aucune empathie ne se dégage pour des militants qui ont pourtant subit la prison, et probablement la torture. Leur vie semble également détruite. Ils semblent laminés et désillusionnés. Ils regrettent le choix de la lutte armée. Mais ils payent toujours pour leurs erreurs tragiques. Contrairement à Maixabel, l’Etat espagnol reste habité par la haine et la vengeance.
C’est peut-être la scène qui réunit les prisonniers basques qui semble la plus percutante. La plupart regrettent l’option militariste. Ils dénoncent également le fonctionnement autoritaire et sectaire de l’ETA. Mais ils ne veulent pas pour autant faire allégeance à un État espagnol tout aussi autoritaire et violent que l’organisation terroriste. Mais cette position nuancée et complexe ne semble pas vraiment incarnée.
Reste un beau film sur le pardon, la réconciliation, transposable dans un autre contexte. Les Repentis évoque également le courage de la main tendue dans un contexte de conflit armé. Le film d’Icíar Bollaín porte des valeurs de paix et de dialogue. Des positions politiques qui semblent irréconciliables peuvent finalement se rapprocher après le temps du dialogue et de la rencontre.