Au bonheur du Bon Air

<strong>Au bonheur du Bon Air</strong>

Ils ont pris tout le monde de court fin juillet avec l’annonce d’une programmation alléchante. Eux, ce sont ces hommes et femmes qui travaillent chez Bi-Pole et qui ont, en un peu moins de trois mois, réussi le pari de faire tenir le festival Le Bon Air en ces temps sous Covid. Pour vous, pour eux, nous étions sur place le jeudi soir. Récit ravageur.

Il est 19 heures ce jeudi 12 août lorsque nous pénétrons dans la Friche Belle de Mai. Avant cette crise sanitaire, il n’y avait finalement que deux contrôles. Il faut aujourd’hui en rajouter un troisième : celui du Pass. Étrange nouveauté, il en va de soi pour mener à bout de tels projets d’offres musicales. C’est aussi dans ce contexte que la jauge du festival a été abaissée à 1500 âmes. Avant d’aller prendre la dose de son que l’on attend tous depuis bientôt 1 an et demi, je partage quelques mots avec Laure et Kenza, respectivement affairés à la communication et à la presse chez Bi-Pole. Elles me font part de plusieurs petites informations qu’ils nous semblaient bons de vous détailler : derrière ces djs sets et lives, ce sont plus de 150 personnes qui ont bossé dur. Côté son, et malgré les défaillances quelconques sur la stage Boule à Facettes, Funktion One a envoyé son émissaire spécial pour concevoir sur le Toit-Terrasse, la seconde stage, un système en octophonie. Je vous laisse imaginer notre enthousiasme quand l’équipe nous annonce avec excitation : « Sur le toit, vous verrez la petite croix noire au sol, c’est là qu’il faut se mettre, les gars ». Bam, tout droit !

On emprunte alors les escaliers métalliques qui mènent au toit, Ginger lemonade à la main et on redécouvre cette terrasse baignée par le soleil plongeant marseillais. Goldie B  s’emploie à faire souffler les fréquences autour de ce sound system inédit. La mayonnaise prend, la croix, qui nous fait de l’œil au sol, n’est pas occupée, on se jette dessus. Un dj set parfait pour commencer la soirée, puissant et doux à la fois, mélange de teintes new wave, morceaux clubs et dub. Zaltan et D.K reprennent le flambeau, pendant que nous, on reste sur cette croix. Croix qui sera le fil conducteur de cette première partie de soirée tant la retranscription sonore du dj booth jusqu’à nos oreilles y est parfaite. Les deux compères se déchargent pendant ce temps de tracks, un temps latin et saccadé, le temps d’après plus groovys, construites.

Il est temps d’aller faire un premier détour sur la deuxième scène. On y retrouve Supercherie, toulonnais et gagnant du concours tremplin RIFFX. C’est LA super surprise de la soirée. Un set à la croisée des genres, ambivalent mais non sans mal détonnant, dub ou ambient, mais toujours dans un entraînant repère house. On reviendra par la suite sur cette scène et file voir le début du set de Palms Trax. Tête d’affiche de la soirée, sa réputation n’a d’égale que sa performance : maîtrisée, charmante. A grands coups de hits, house puis new wave, il entraine le public dans un délire à la fois si proche et si lointain de l’esthétique Bon Air, qu’il réussit à le séduire avant de porter l’estocade finale avec un bon vieux Bronski Beat. Ça fait mouche.

Pas de répit, on cavale vite saisir les derniers instants du set de Vikken. Lui qui désormais écrit et interprète ses propres morceaux sur scène revenait finalement à son premier amour : le dj-ing. Nous n’aurons finalement qu’un seul (magnifique) aperçu de sa prestation, mais lequel : un remix techno et sombre de « Baby One More Time » par la grande Britney. Fallait oser, c’est fort. Krikor s’installe ensuite pour un live d’une heure qui aura du mal à conquérir la foule en fin de compte et il en sera malheureusement de même pour le back to back entre NVST et Mika Oki. Le premier, malgré une performance de qualité aux reflets rock expérimental et électronique, n’aura pas su (pu?) tiré profit du sound system de cette scène, et les seconds, avec pourtant des beats ravageurs, réussi à amener avec eux le public. 

Qu’importe, il reste les deux artistes marseillais Vazy Julie et Dj13NRV. Et s’il fallait résumer la démonstration des membres du collectif marseillais Metaphore à un mot et bien ce serait… énervée. Durant 1 heure et demie, à grands coups de BPM, de hardcore ou de gabbers, ils auront régalé une assistance qui n’en demandait pas temps pour être en feu. En parlant de feu, apothéose marseillaise chevaleresque sur un remix de « Comme un fumigène » du groupe Oaistar, DJ 13NRV allumera un fumigène, faisant briller le drapeau bleu et blanc de la ville que brandissait Shlagga (programmé en 2019) derrière le DJ booth. Point culminant de la soirée, il marquera aussi la fin de cette édition. On se dit à l’année prochaine, et un grand bravo à l’équipe du Bon Air encore une fois, qui aura su monter une offre musicale dans un délai aussi bref que ces moments d’extase que nous procurent le retour des festivals.



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