Star dans la nuit et l’underground
Long métrage iconoclaste, Star plonge dans l’univers du graffiti et du street art. Son réalisateur, Marc-Aurèle Vecchione, venu du documentaire, propose une fiction réaliste et un portrait générationnel pertinent. On y voit un jeune graffeur taguer son blaze, Star, dans les rues de Paris comme sous les tunnels du métro. Le jeune révolté refuse de rentrer dans le monde du bonheur conforme. Il refuse travail et mode de vie petit bourgeois, quotidien rangé en banlieue pavillonnaire. Mais voilà qu’une brigade de police finit par l’attraper. Alors qu’il risque d’être condamné à une bien lourde amende, Star s’évade à Rome pour un voyage initiatique.
« Je me suis intéressé aux cultures underground et comment elles se font récupérer », décrit Marc-Aurèle Vecchione lors d’une présentation de son film au cinéma Diagonal de Montpellier. Le réalisateur habitué aux documentaires se tourne vers la fiction mais s’appuie sur de vrais graffeurs de la rue. « On tourne dans des conditions réelles, sans autorisation », précise Marc-Aurèle Vecchione. Cette illégalité du tournage permet de renforcer l’effet de réel. « Les graffeurs ne se comportent pas de la même manière si c’est autorisé », confie le réalisateur. Comme Larry Clark, il tente également de capter l’attention de toute une génération autour d’un sujet donné. « L’idée c’est de montrer une communauté de personnes transfrontière et artistique », décrit Marc-Aurèle Vecchione.
Le film se penche sur toute l’ambiguïté de la culture tag, entre répression policière et galeries d’art. Le monde de la rue et celui du marché de l’art ne semblent pas forcément opposés, dans la mesure où, dans le marketing récupère à bon compte les élands de révolte et créativité.
Dans cette perspective, Star permet surtout d’explorer le milieu du graffiti, ses pratiques, sa contre-culture et sa vitalité. Dans ce long métrage, Vecchione parvient à faire transparâitre le frisson de l’illégalité au sein de la ville nocturne. Une immersion bienvenue.