Deep Water au salon rose de la Villa Noailles
Le festival international de la mode et de la photographie regorge d’épiphénomènes, sur lesquels il est bon de s’attarder. Au delà de la compétition, la programmation offre quelques fulgurances comme Deep Water, d’Arthur Hoffner et Grégoire Schaller.
Tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se casse. Et puis, pas. Inspirée par le mythe des Danaïdes, condamnées à verser aux Enfers des tonneaux troués après avoir tué leurs cousins, la performance du duo, créée dans le salon rose de la Villa Noailles joue à l’envi avec le plateau.
L’espace scénique embrasse toute pièce, par sa couleur d’abord, puis sa rupture nette, matérialisée grâce à une corde tendue, entre le sujet dansant et le public. Proche et à la fois hors de portée, se met en mouvement seul et le demeure. Sa vision de la damnation, embrasse l’effet de répétition produit par les versements d’eau d’un récipient à l’autre.
L’esthétique de Deep Water mêle le pastel des murs et le bleu Klein des potiches. Une couleur profonde, infinie, qui engloutit le danseur vaquant à la tâche. Le design imaginé par Arthur Hoffner ajoute une dimension ironique à l’ensemble de la punition subie par le soliste, affable dans la gestuelle, défiant et joueur quand il croise le regard des spectateurs. La plongée dans cet univers d’ordre et de dérision, agit comme une respiration vivifiante.