Cinq questions à Lori Roy étoile montante de la littérature américaine
Deux Prix Edgar-Allan-Poe au compteur, des romans policiers très bien ficelés qui explorent les fêlures de la société américaine, des journalistes littéraires qui tombent au pâmoison devant son talent, c’est peu dire que nous avions des questions à poser à Lori Roy. L’occasion surtout de revenir avec elle sur ce qui guide la construction de ses livres et sur les thèmes abordés (questions raciales, poids de la communauté…) qui n’ont rien d’anodin.
Les auteurs sont souvent aussi de grands lecteurs, pouvez-vous citer ceux qui vous ont inspiré dans votre travail et en quoi ?
Je suis influencée par de nombreux auteurs. En haut de la liste se trouvent Flannery O’Connor, Toni Morrison et Zoea Neale Hurston. Je me réfère aussi beaucoup à l’œuvre de John Steinbeck quand je suis en quête d’inspiration. Pour citer des écrivains plus contemporains, je lis Lisa Unger, Alafair Burke et Megan Abbott. J’aime aussi tout ce qu’a pu écrire Mary Lawson.
Cette question rejoint un peu la première, quel est le dernier livre que vous avez lu et d’une manière générale quel genre de romans appréciez-vous ?
Le dernier roman que j’ai dévoré c’est Fierce Kingdom de Gin Phillips. C’est un très bel exemple de ce que j’aime dans un livre. Je cherche une histoire qui interpelle, avec des personnages qui ont de l’épaisseur et une intrigue bien développée.
Vos romans contiennent une trame policière et de mystère mais on note aussi toujours un grand poids de la communauté (rurale ou urbaine) sur les actions de vos personnages. Pourquoi explorez-vous ce thème ?
Vous savez, je passe de nombreuses années à écrire un livre et j’ai besoin de travailler sur des sujets qui comptent vraiment pour moi. Je n’ai pas forcément voulu traiter les thèmes dont vous parlez mais ils se sont imposés à travers le développement des personnages et leur histoire. Ils évoluent tous à une certaine époque et dans un environnement particulier, donc forcément tout ça pèse sur leurs parcours. Ils sont confrontés à des choix moraux : succomber au poids de la pression sociale afin de préserver leur pouvoir, leur santé, leur réputation ou faire ce qui leur semble juste.
La question raciale est aussi très présente dans votre œuvre mais cela se passe souvent dans le passé, or elle semble toujours tristement d’actualité, quel regard portez-vous sur ce sujet dans l’Amérique actuelle ?
On me demande souvent pourquoi j’aborde ces questions au passé et c’est précisément pour cela. Nous pensions vraiment que tout ça était derrière nous, mais ce n’est pas le cas. J’espère que mon travail illustre les dangers qui nous guettent tous et à quel point nous devons à tout prix éviter de reproduire les erreurs commises dans le passé.
A part, la perte d’intérêt de la part de vos lecteurs, qu’est-ce qui pourrait vous pousser à arrêter d’écrire, si cela doit arriver un jour ?
Je pense que la seule chose qui pourrait me faire arrêter, ça serait de ne plus avoir aucune histoire à raconter, heureusement ça n’est jamais arrivé.
Lori Roy, The Disappearing, à paraître en 2018.