Pour qui votent les super-héros ?
Alors que la folie The Defenders s’apprête à déferler en août sur Netflix et que l’hystérie des élections prend à peine fin, il nous apparaît urgent de déterminer pour qui votent vraiment les super-héros. Aucun bulletin n’est resté secret.
Daredevil : Emmanuel Macron
Avocat le jour, Matt Murdock est bien placé pour connaître tous les problèmes liés à la gestion d’une petite officine sans argent. Et puis les taxes qui vous font regretter d’être entrepreneur et vous donnent des envies d’ailleurs. Il a donc accueilli très positivement l’idée de Start-up Nation chère à Emmanuel Macron. Il se rendra compte un peu tard que les baisses de taxe prévues ne lui viendront pas en aide mais offriront en revanche de belles plus-values au mafieux et caïd de la ville, Wilson Fisk.
Jessica Jones : Jean-Luc Mélenchon
Elle a tout d’une rebelle et dès le lycée, elle ne voulait rien faire comme les autres. N’était-elle pas secrètement amoureuse du nerd Peter Parker alors que celui ci était parfaitement ringard ? C’est une véritable insoumise à laquelle nous avons affaire. Les soirs de cuite, Jessica refait le monde, toute seule, tristement planquée derrière son compte Twitter mélenchoniste. Elle n’en démord pas, Robespierre aurait coupé la tête de Kilgrave, et ce dernier ne serait plus un danger pour le monde. Si seulement, on lui avait laissé plus de temps…
Superman : n’a pas le droit de vote
Venu de la planète Krypton qui n’est pas encore membre de l’Union européenne, Superman n’a pas le droit de vote. Il comptait bien sur la gauche pour l’obtenir mais depuis trente ans rien ne vient. C’est bien dommage car il s’apprêtait à voter pour le Front National afin de remettre dans le droit chemin ces gros fainéants d’hominidés qui courent à leur perte.
Wonder Woman : s’abstient
Elle était pleine d’illusion et d’optimisme sur la destinée du monde. Il suffisait d’éliminer la noirceur, construire quelques éoliennes et établir une taxe carbone. Et puis, elle a croisé ce que l’être humain pouvait faire de pire. Elle ne se résigne pas mais préfère s’abstenir. Et rejoindre des combats pour les femmes cisgenres et transgenres en compagnie des vieux mâles blancs de la Justice league. Tant pis pour les écologistes qui perdent là une électrice potentielle.
Spiderman : Benoît Hamon
Le reporter photographe en mal de thunes aimerait bien bénéficier d’un revenu garanti pour arrondir ses fins de mois. Surtout, Spiderman apparaît comme un justicier gentiment naïf. Toujours prêt à venir secourir les plus faibles, il révèle surtout ses failles et ses limites.
C’est sans doute l’aspect le plus intéressant de Spiderman comme du dernier candidat socialiste. Ils ne prétendent pas incarner des super-héros infaillibles et des hommes providentiels qui vont sauver le monde avec leurs petits bras musclés. L’humilité et la sincérité restent leurs atouts principaux. Spiderman sait qu’il n’est pas tout puissant. Benoît Hamon, lui, reste englué dans l’impuissance.
Batman : Marine Le Pen
La force de Batman, c’est de montrer la face la plus sombre de l’humanité. Bruce Wayne est un milliardaire qui vit dans un sombre château. Une sorte de villa de Montretout, sans bergers allemands prêts à mordre. Surtout, Batman incarne la dimension fasciste des super-héros. Dans une ville gangrenée par le crime, la police semble impuissante. Il faut alors un pouvoir fort d’exception pour faire régner l’ordre. Batman est même épaulé par le procureur Harvey Dent qui incarne une justice d’exception, avec la face plus sombre et dangereuse qui l’accompagne.
Batman n’hésite pas à torturer et à malmener les truands. Tous les moyens sont bons pour sauver des vies. Et surtout pour faire régner l’ordre.
Luke Cage : Barack Obama
A la fois cool et pop, Luke Cage fait songer au dernier président américain. Tous les deux font référence à la culture afro-américaine, et parfois même à ses luttes. Luke Cage fait référence aux films de la blaxploitation, avec ses héros noirs à la fois fiers et indestructibles. Les méchants semblent davantage puiser dans l’univers des films à la New Jack City, avec leurs gangsters endurcis. Mais blaxplotation évoque aussi la face la plus sombre du règne d’Obama. Une grande partie de la population afro-américaine continue de subir la violence et la misère des ghettos. Loin des collants moulants, le style de Luke Cage évoque celui des émeutiers de Baltimore et Ferguson. Le sweat capuche reste une cible ambulante pour les balles de la police. Heureusement, les coups de feu ricochent sur la cuirasse de Luke Cage. Avec ce personnage, la population des ghettos n’est plus l’éternelle victime. Elle peut désormais riposter avec un super-héros, ou des émeutes urbaines.
Catwoman : abstentionniste libertaire
Contrairement à Bruce Wayne, Sélina Kyle n’a pas grandit avec une cuillère d’argent dans la bouche. Elle vit dans les bas-fond de Gotham. Elle se sent beaucoup plus à l’aise dans les quartiers populaires que dans les réceptions mondaines. Quand Bane s’appuie sur la révolte des opprimés pour prendre le pouvoir, elle n’adopte pas l’attitude hautaine du milliardaire Bruce Wayne. Le désordre recueille sa sympathie, surtout quand il vise à combattre la misère sociale. Mais Catwoman s’oppose à Bane qui ne cherche que le pouvoir et veut imposer un ordre autoritaire. Catwoman cherche avant tout la liberté. Mais, elle finit par former un petit couple bourgeois avec le milliardaire facho Bruce Wayne. Le blockbuster doit s’achever par un retour à la normale.
avec l’aimable participation de Jean-Yves Alric