Les restes balbutient sur scène
La pièce Les Restes se conforme aux codes du théâtre contemporain. Elle consiste en une succession de saynètes qui ne semblent pas relier par un récit linéaire. Les comédiens jouent sur le langage, entre allitérations et confusion des styles soutenus ou familiers. C’est selon. C’est la mode.
Chaque fiction permet à Charly Breton de décrire quelques personnages marginaux. La figure du travailleur social se révèle la plus amusante. Il incarne la froideur bureaucratique et traite les pauvres avec détachement. Mieux, il leur attribue la responsabilité de leurs conditions de vie, ce qui permet de gommer, avec humour et mauvaise foi, une société qui fabrique une précarité massive.
En revanche, le récit des autres personnages reste peu compréhensible. Le choix de faire de la pauvreté avant tout une question de langage et de fantaisie ne permet pas de rendre le spectacle accessible. Les scènes semblent séparées de toute forme de vécu et d’expérience réelle, vaguement envisagées à l’écriture. Si Nobody proposait une vision acerbe et réaliste sur les cadres moyens et la vie de l’entreprise, Les restes privilégie une approche littéraire et onirique de la pauvreté. Le spectacle propose davantage une expérimentation théâtrâle qu’un regard critique sur la société. La forme a primé sur le fond.