Balle perdue 2 réinvente le film d’action
Bastons réalistes, courses-poursuites, crissements de pneus, tôle froissée et os brisés sont au programme de Balle perdue 2, présenté en avant-première mondiale, le 26 octobre dernier, au Cinemed.
Le scénario du film Netflix reste davantage porté sur le rythme énergique et les scènes d’action que sur l’introspection psychologique des personnages, et Lino rejoint surtout la police pour venger son frère. Un peu moins pour faire respecter le code de procédure pénale. Dès le début du long métrage, une scène de combat permet de rapidement rentrer dans le bain. Après la mise en place de l’intrigue, le temps de s’attacher aux personnages, c’est un feu d’artifice de cascades et d’action qui ne cesse de monter en intensité.
Économiedu film d’action
Balle perdue 2, destiné à la plateforme Netflix, est projeté sur grand écran dans l’opéra Berlioz de Montpellier et c’est du grand spectacle. Un public jeune vibre collectivement, lâche quelques applaudissements à la fin de scènes d’action particulièrement mouvementées. Notamment lorsque Lino parvient à se sortir de situations délicates. Le long-métrage de Guillaume Pierret a été tourné dans la région de Montpellier et la garrigue, avec ses routes escarpées se prête bien au vrombissement de moteurs. Le quai du Verdanson voit, quant à lui, défiler une course poursuite dans un décor crépusculaire. Les murs tagués, les tunnels sombres et les pneus qui glissent sur le sol mouillé confèrent une ambiance singulière à l’ensemble, pour le coup magnifié par la caméra.
En conférence de presse, le réalisateur Guillaume Pierret revient sur son œuvre et son modèle de financement : une plateforme numérique a remplacé les traditionnelles grosses boîtes de production. « Seul Netflix était au rendez-vous pour financer le film. On espère que ça va se débloquer. Notre génération autour de 40 ans est encore jeune dans cette industrie », confie Guillaume Pierret. Les producteurs ne veulent pas prendre de risques tant les films d’action coûtent chers et ne sont pas toujours très rentables, sans être certains que les spectateurs iront voir un film d’action. Dans le genre, Luc Besson fut une exception dans le cinéma français, pour le réalisateur. « EuropaCorp avait le monopole de ce type de films, mais personne n’a pris la suite. Ce sont des films trop chers et trop casse-gueule« , observe Guillaume Pierret.
Renouveau du film d’action
Le temps apparaît comme la principale contrainte du film d’action. La durée du tournage doit être réduite. Ce qui exige une écriture du scénario précise, avec des scènes chronométrées. « Ce sont des films très timés, très compliqués à faire. Il ne faut pas perdre de temps« , confie le réalisateur. Balle perdue 2 se démarque des blockbusters par sa démarche plus artisanale et authentique. Les scènes d’action tendent vers une forme de réalisme. Les combats sont chorégraphiés. Alban Lenoir, acteur principal, participe directement aux scènes de cascades.
Guillaume Pierret, biberonné par le cinéma hongkongais, se réfère à The Shield, une série mythique avec des scènes d’action réalistes tournées caméra à l’épaule. « Je trouve que les Marvel et autres films sur fond vert sont hideux visuellement. Mais c’est moins cher pour le budget. Pourtant, on a maintenant la technologie pour faire de belles scènes d’action« , souligne Guillaume Pierret. Les super-héros dégoulinant d’effets spéciaux peuvent donc perdre le monopole du cinéma grand public.
Le succès de Balle perdue ouvre la voie vers des scènes d’action qui respirent davantage le réalisme, avec une écriture et une chorégraphie au millimètre. Guillaume Pierret vient de l’école du court-métrage avec des films diffusés gratuitement sur YouTube. Ce vivier d’amateurs désintéressés peut contribuer à renouveler le genre. La passion des nouveaux cinéastes pourrait même bien, à l’avenir, remplacer les grosses productions standardisées.
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