Couleurs de l’incendie, avant-première à Cinemed
Clovis Cornillac est venu au 44ème Cinemed pour présenter son dernier film : Couleurs de l’incendie. Cettea adaptation du roman de Pierre Lemaitre raconte, dans la France des années 1930, que la femme d’un banquier se retrouve veuve puis ruinée. Celle-ci va alors tenter de se venger de ceux qui ont causé sa perte et se sont enrichis sur son dos. Ce film grand public aborde des sujets brûlants comme le nazisme, la domination de genre et de classe. Le réalisateur Clovis Cornillac assume quant à lui sa démarche qui relie le plaisir du cinéma au questionnement sur les problèmes sociaux.
Adaptation d’un roman de Pierre Lemaitre
« Ce que j’appelle le grand cinéma populaire qui parle à toutes les générations sans faire de concession sur le fond. Je me souviens avoir vu Spartacus à 10 ans. Je me suis régalé, mais le sujet est aussi venu me perturber« , confie Clovis Cornillac. Le réalisateur peut s’appuyer sur un scénario de qualité pour relier divertissement et critique sociale. Il s’appuie sur le livre de Pierre Lemaitre, dont les fictions restent facilement transposables à l’écran. « Tu vas au cinéma pour le spectacle. Mais il y a aussi des sujets et des thèmes. La littérature de Pierre Lemaitre est plus qu’un support. Il pousse les personnages très loin dans leur trajectoire et il y a des moments épiques« , indique Clovis Cornillac.
Le romancier propose, en effet, des récits percutants, avec des personnages savoureux et de nombreux rebondissements. « Pierre Lemaitre est un des auteurs que je suis depuis ses premiers livres. Il est devenu connu quand il a reçu le prix Goncourt pour Au revoir là-haut. Mais, souvent, la littérature policière est un peu mise de côté« , observe Clovis Cornillac.
Le romancier a même participé à l’adaptation de son œuvre en scénario de film, écrivant notamment les dialogues. « On s’est rencontré au cours d’un festival. Il m’a ensuite proposé d’adapter au cinéma son roman Couleurs de l’incendie. Il a adapté son propre livre en scénario. J’ai eu un vrai camarade avec qui échanger« , décrit Clovis Cornillac.
Au niveau de la mise en scène, la passion du réalisateur débouche vers une recherche du perfectionnisme. Décors, costumes, sonorités : chaque détail est pris en compte. « Dans un film, il y a tous les sens à part le gustatif. Je peux passer des heures sur le grincement d’une porte. Les couleurs, les contrastes, la manière dont un personnage passe d’une pièce à une autre : tout est passion quand on fabrique un film« , précise t-il.
Personnages emblématiques
Le roman de Pierre Lemaitre s’appuie sur une galerie de personnages. Ils incarnent souvent des rapports de domination sociale. Léa Drucker joue celui de Madeleine. D’abord victime, elle redresse la tête face à ceux qui l’ont trahi. « Cette femme que l’on écrase dans un monde d’hommes« , souligne Clovis Cornillac. Madeleine reste au centre du propos qui apparaît comme une belle mécanique, avec ses rebondissements et ses stratégies subtiles. « On ne comprend pas ce qu’elle est en train de faire, mais on voit son projet à la fin« , indique Clovis Cornillac.
Léa Drucker évoque son personnage qui semble faible et fragile mais se révèle habile et redoutable : « Elle semble à la merci. Mais il y a un petit éclair de résistance« . Son personnage est conduit à la ruine mais parvient à trouver les ressources pour sortir la tête de l’eau. « Elle se construit dans un monde plus petit et plus modeste. Mais elle se révèle à elle-même« , indique Léa Drucker. Les rapports de classe évoluent avec son ancien domestique qui devient son complice. Les ouvriers, interprétés par Clovis Cornillac et Alban Revoir, semblent prendre un malin plaisir à saboter les projets de la grande bourgeoisie.
Mais le récit propose également un regard acéré sur la classe dominante. Patronat, politique et journalisme baignant dans le même marigot d’affairisme et de corruption. Néanmoins, ces personnages semblent parfois comiques et même sympathiques. « Il y a une humanité dans tous les personnages. L’oncle de Madeleine est placé comme député par son frère. Mais il n’est pas particulièrement doué ni brillant, donc il devient affairiste. Mais il aime ses deux filles« , précise Clovis Cornillac. Le politicien joué par Olivier Gourmet dégage un cynisme qui devient comique. Benoît Poelvoorde incarne l’autre figure de la classe dirigeante. L’ancien banquier reconverti dans l’industrie aéronautique semble également fantasque et ne doit sa réussite sociale qu’à des manipulations acrobatiques. Clairement, ce film parvient à relier plaisir de la fiction et une fine critique des inégalités sociales.
Bande annonce :