L’homme qui a vendu sa peau fait sensation à Cinemed
Le film d’ouverture de la 42ème édition du festival Cinemed, L’homme qui a vendu sa peau, a l’excellent parti pris de croiser plusieurs thématiques. On y voit Sam, un réfugié syrien, qui veut rejoindre la femme qu’il aime, désormais marié à l’ambassadeur du régime en Belgique. Et puis aussi, un artiste à la mode qui offre à Sam un voyage en Europe. Finalement, c’est le réfugié qui devient lui-même un visa, à travers un tatouage imprimé sur son dos. Le voilà alors objet d’exposition.
En conférence de presse, la réalisatrice Kaouther Ben Hania revient sur son long métrage. Le projet démarre lorsqu’elle a découvert l’image d’un homme dans un musé, et autour de ce dernier, elle brode un conte contemporain : « C’est un classique avec l’histoire d’un homme contrarié en période de crise », indique la cinéaste. En effet, Sam passe un pacte avec le Diable par ce tatouage.
Il faut dire que le personnage principal semble avant tout guidé par une pulsion et par sa passion amoureuse, ce qui l’éloigne avec élan du monde froid et calculateur qui l’entoure. À l’opposé, un assureur fait une apparition remarquée afin d’illustrer avec humour le cynisme du monde marchand. « Le choix de l’ironie, c’est la politesse du désespoir », précise à ce sujet Kaouther Ben Hania. Elle a d’ailleurs choisi Monica Bellucci pour incarner une fausse blonde désireuse d’intégrer ce milieu, avec ses codes. Ce regard décalé permet de montrer le monde de l’art et la richesse en découle.
Sam apparaît d’abord comme un homme écrasé et humilié. Il semble peu à peu abandonner sa virilité, ce qui permet à la réalisatrice d’explorer la féminité du réfugié syrien. « Comme les immigrés et les défaits de l’histoire, il renonce à faire le coq. Il dit qu’il en a marre » explique Kaouther Ben Hania. En toile de fond, son désir amoureux pousse non seulement Sam à vendre son dos, mais également à se révolter.