Vent frais sur la Cerisaie de Mc Burney
Une Cerisaie sous titrée en français, afin de suivre les comédiens néerlandais de la troupe d’Ivo Van Hove. Il fallait oser. Simon McBurney l’a fait. Le metteur en scène anglais adapte la pièce de Tchekhov, avec une savante dose de vent frais, présentée en première française au Printemps des Comédiens.
La famille aristocrate sur scène, russe de son état, regarde impassiblement monter l’avènement d’une nouvelle classe sociale, après l’abolition du servage. Endettée, incapable d’entretenir sa demeure, on lui propose de construire et louer de petits chalets en coupant la fameuse cerisaie. Tollé, émoi et rien. L’apathie est un rouage formidable dans cette version drôle, tout en cynisme.
Mc Burney déplace surtout l’action au beau milieu des années 70, transition hédoniste importante du siècle dernier, tout en laissant l’intrigue intacte. La scénographie somptueuse, chargée d’éléments très cinématographiques, comme cet écran incurvé en fond de scène, laisse apprécier l’évolution de la nature au dehors et celle de la maison. Un excellent filtre.
On ne se lasse pas des réminiscences du passé, présences fantomatiques à la fois troublantes et poétiques, amenés par une distribution de haute volée. Comme on ne se lasse par de l’ironie qui affleure sans cesse quant au sort des personnages déchus, sous la mise en scène envolée de Mc Burney, redoutablement efficace dans ses choix pour dépoussiérer cette Cerisaie.