Le Silence des autres exhume les victimes du Franquisme
L’amnistie des crimes franquistes fait l’intrigue du documentaire Le Silence des autres, présenté au Cinémed. La répression politique, la torture, la prison et les assassinats commis par la police espagnole entre 1936 et 1975 ont été oubliés, dans ce film où le personnage principal exhume une mémoire contrariée.
Le Silence des autres évoque le régime de Franco, via une évocation des processus historiques et politiques de la dictature, de ses victimes. Le film de Almudena Carracedo et Robert Bahar adopte le point de vue des victimes du franquisme, luttant pour dénoncer ce régime qui a commis des crimes contre l’humanité. Un passé qui ne passe plus.
Dans le documentaire notamment produit par Pedro Almodóvar, Billy el Niño, ancien policier, doit être poursuivit par la justice internationale. Parallèlement, les descendants des victimes mènent une véritable lutte contre l’oubli et la loi d’amnistie de 1977. « Je ne lutte pas pour des raisons politiques, mais par colère. Parce que je suis un être humain », témoigne l’une d’ele. Cette lutte permet, de façon concrète, de modifier le nom de rues de Madrid qui rendent hommage à des généraux franquistes. La réalisation suit cette volonté de réparer les conséquences encore visibles de ce qu’a fait l’Espagne franquiste.
Le Silence des autres privilégie l’empathie avec les victimes, façon d’exercer un devoir de mémoire indispensable. Mais le film n’approfondit pas assez l’analyse historique. La critique de l’Etat espagnol, du franquisme et de la transition démocratique reste en suspend. Cependant, il met en perspective la question de la mémoire du franquisme, toujours très épineuse et tabou en Espagne. Une donnée suffisamment importante pour saluer l’existence d’un tel documentaire.