Le Poulain fait bondir les jeux politiques
La vie politique, avec ses manœuvres et ses coups bas, peut être traitée sur le ton de l’humour et de la légèreté. Le Poulain , long métrage de Mathieu Sapin, suit donc la trajectoire d’un jeune ingénu qui plonge dans le grand bain de la politique presque malgré lui. Il devient l’homme à tout faire d’Agnès Karadzic, une élue ambitieuse jouée par Alexandra Lamy. Le jeune homme s’immerge dans le tourbillon d’une campagne présidentielle, avec ses coups de com, ses alliances et ses trahisons.
Mathieu Sapin et Audrey Lamy ont présenté le 6 septembre dernier le film à Montpellier, où a également eu lieu la majeure partie du tournage. Le réalisateur est revenu sur le pitch, éclot lorsqu’il proposait des chroniques dessinées de la campagne de 2012 dans le journal Libération. « On ne voulait pas aller vers un faux documentaire. On voulait raconter une vraie histoire, une comédie », précise Mathieu Sapin. Il filme ainsi la politique comme un spectacle de comédie, avec l’apparition bienvenue d’humoristes comme Philippe Katerine et Gaspard Gantzer.
Alexandra Lamy s’inspire quant à elle de la gestuelle des femmes politiques françaises pour interpréter Agnès Karadzic. Son personnage alterne brutalité froide et séduction. « Qui dit pouvoir dit un peu désir », estime Alexandra Lamy. Les lèvres carmin de l’actrice incarnent à la fois la parole politique et la séduction. « La politique peut être froide et contrôlée, mais il y a aussi du pulsionnel », souligne Mathieu Sapin.
Le Poulain conserve le ton de la comédie légère et bien rythmée. Le public peut s’attacher à des personnages plus pathétiques et ridicules que réellement dangereux et menaçants. « Ce n’est pas un film angélique. Mais je voulais aussi montrer les hommes politiques comme des humains. Je voulais montrer une forme de dureté et de détermination, mais aussi avec des doutes », analyse Mathieu Sapin.
Le Poulain ne cherche jamais à montrer la face sombre du pouvoir, contrairement à House of cards. Le film s’attache à décrire les rapports de pouvoir entre les individus. « C’étaient les rapports humains qui m’intéressaient, la compétition », présente Mathieu Sapin. Ce darwinisme social existe aussi dans d’autres milieux, comme l’entreprise.
On peut donc y voir une grande farce sur le spectacle d’un pouvoir qui tourne à vide. La communication primant largement sur les idées et les perspectives politiques. Les dirigeants de l’Etat paraissent même coupés du monde. Les usines sont considérées uniquement comme un décor de campagne. La société semble subir passivement les pitreries d’enfants gâtés. Le Poulain propose, plan après plan, davantage une fable légère qu’un regard éclairé sur les coulisses du pouvoir. Pourquoi pas, pour le divertissement.